« Non, la langue hébraïque n’est ni la première ni la dernière des langues ; ce n’est point la seule des langues-mères, comme l’a cru mal à propos un théosophe moderne que j’estime d’ailleurs beaucoup, parce que ce n’est pas la seule qui ait enfanté des merveilles divines ; c’est la langue d’un peuple puissant, sage, religieux ; d’un peuple contemplatif, profondément instruit dans les sciences morales, ami des mystères ; d’un peuple dont la sagesse et les lois ont été justement admirées. Cette langue, séparée de sa tige originelle, éloignée de son berceau par l’effet d’une émigration providentielle dont il est inutile de rendre compte en ce moment, devint l’idiome particulier du peuple hébreu ; et semblable à la branche féconde qu’un habile agriculteur ayant transplantée sur un terrain préparé à dessein, pour y fructifier longtemps après que le tronc épuisé d’où elle sort a disparu, elle a conservé et porté jusqu’à nous le dépôt précieux des connaissances égyptiennes.
Mais ce dépôt n’a point été livré aux caprices du hasard. La Providence, qui voulait sa conservation, a bien su le mettre à l’abri des orages. Le livre qui le contient, couvert d’un triple voile, a franchi le torrent des siècles, respecté de ses possesseurs, bravant les regards des profanes, et n’étant jamais compris que de ceux qui ne pouvaient en divulguer les mystères ».
Antoine Fabre d’Olivet
« Non, la langue hébraïque n’est ni la première ni la dernière des langues ; ce n’est point la seule des langues-mères, comme l’a cru mal à propos un théosophe moderne que j’estime d’ailleurs beaucoup, parce que ce n’est pas la seule qui ait enfanté des merveilles divines ; c’est la langue d’un peuple puissant, sage, religieux ; d’un peuple contemplatif, profondément instruit dans les sciences morales, ami des mystères ; d’un peuple dont la sagesse et les lois ont été justement admirées. Cette langue, séparée de sa tige originelle, éloignée de son berceau par l’effet d’une émigration providentielle dont il est inutile de rendre compte en ce moment, devint l’idiome particulier du peuple hébreu ; et semblable à la branche féconde qu’un habile agriculteur ayant transplantée sur un terrain préparé à dessein, pour y fructifier longtemps après que le tronc épuisé d’où elle sort a disparu, elle a conservé et porté jusqu’à nous le dépôt précieux des connaissances égyptiennes.
Mais ce dépôt n’a point été livré aux caprices du hasard. La Providence, qui voulait sa conservation, a bien su le mettre à l’abri des orages. Le livre qui le contient, couvert d’un triple voile, a franchi le torrent des siècles, respecté de ses possesseurs, bravant les regards des profanes, et n’étant jamais compris que de ceux qui ne pouvaient en divulguer les mystères ».
Antoine Fabre d’Olivet