J´ai pris comme sujet de cet exposé la métaphysique orientale ; peut-être aurait-il mieux valu dire simplement la métaphysique sans épithète, car, en vérité, la métaphysique pure étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n´est ni orientale ni occidentale, elle est universelle. Ce sont seulement les formes extérieures dont elle est revêtue pour les nécessités d´une exposition, pour en exprimer ce qui est exprimable, ce sont ces formes qui peuvent être soit orientales, soit occidentales ; mais, sous leur diversité, c´est un fond identique qui se retrouve partout et toujours, partout du moins où il y a de la métaphysique vraie, et cela pour la simple raison que la vérité est une.
Parmi les grandes figures du moyen âge, il en est peu dont l´étude soit plus propre que celle de saint Bernard à dissiper certains préjugés chers à l´esprit moderne. Qu´y a-t-il, en effet, de plus déconcertant pour celui-ci que de voir un pur contemplatif, qui a toujours voulu être et demeurer tel, appelé à jouer un rôle prépondérant dans la conduite des affaires de l´Église et de l´État, et réussissant souvent là où avait échoué toute la prudence des politiques et des diplomates de profession ? Quoi de plus surprenant et même de plus paradoxal, suivant la façon ordinaire de juger les choses, qu´un mystique qui n´éprouve que du dédain pour ce qu´il appelle « les arguties de Platon et les finesses d´Aristote », et qui triomphe cependant sans peine des plus subtils dialecticiens de son temps ? Toute la vie de saint Bernard pourrait sembler destinée à montrer, par un exemple éclatant, qu´il existe, pour résoudre les problèmes de l´ordre intellectuel et même de l´ordre pratique, des moyens tout autres que ceux qu´on s´est habitué depuis trop longtemps à considérer comme seuls efficaces, sans doute parce qu´ils sont seuls à la portée d´une sagesse purement humaine, qui n´est pas même l´ombre de la vraie sagesse.
J´ai pris comme sujet de cet exposé la métaphysique orientale ; peut-être aurait-il mieux valu dire simplement la métaphysique sans épithète, car, en vérité, la métaphysique pure étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n´est ni orientale ni occidentale, elle est universelle. Ce sont seulement les formes extérieures dont elle est revêtue pour les nécessités d´une exposition, pour en exprimer ce qui est exprimable, ce sont ces formes qui peuvent être soit orientales, soit occidentales ; mais, sous leur diversité, c´est un fond identique qui se retrouve partout et toujours, partout du moins où il y a de la métaphysique vraie, et cela pour la simple raison que la vérité est une.
Parmi les grandes figures du moyen âge, il en est peu dont l´étude soit plus propre que celle de saint Bernard à dissiper certains préjugés chers à l´esprit moderne. Qu´y a-t-il, en effet, de plus déconcertant pour celui-ci que de voir un pur contemplatif, qui a toujours voulu être et demeurer tel, appelé à jouer un rôle prépondérant dans la conduite des affaires de l´Église et de l´État, et réussissant souvent là où avait échoué toute la prudence des politiques et des diplomates de profession ? Quoi de plus surprenant et même de plus paradoxal, suivant la façon ordinaire de juger les choses, qu´un mystique qui n´éprouve que du dédain pour ce qu´il appelle « les arguties de Platon et les finesses d´Aristote », et qui triomphe cependant sans peine des plus subtils dialecticiens de son temps ? Toute la vie de saint Bernard pourrait sembler destinée à montrer, par un exemple éclatant, qu´il existe, pour résoudre les problèmes de l´ordre intellectuel et même de l´ordre pratique, des moyens tout autres que ceux qu´on s´est habitué depuis trop longtemps à considérer comme seuls efficaces, sans doute parce qu´ils sont seuls à la portée d´une sagesse purement humaine, qui n´est pas même l´ombre de la vraie sagesse.