La psychanalyse appartient au grand mouvement d´ébranlement de la raison que connaît l´Europe à son apogée. Mais, pour décrire ce qui se découvre alors dans la cure, Freud n´est-il pas encore dépendant, d´une certaine façon, de l´outillage intellectuel dont il a hérité ? Et ne laisse-t-il pas dans l´ombre, non explicités, certains aspects de la pratique analytique que sa théorie n´a pu explorer ?
C´est pourquoi François Jullien propose ici cinq concepts abstraits de la pensée chinoise dans lesquels ce qui « se passe » dans la cure pourrait se réfléchir et peut-être s´expliquer. Disponibilité dit la position sans position qui permet au psychanalyste de capter la parole de l´analysant sans projection ni prévention – ce que Freud a nommé l´ « attention flottante », mais sans plus le sonder. Allusivité dit systématiquement, du côté de l´analysant, la capacité de référence sans référer qui est la condition de possibilité de l´ « association libre » à laquelle celui-ci est invité. Le biais (l´oblique) dit comment désemparer stratégiquement des résistances qu´on ne peut attaquer de front parce qu´elles ne se soupçonnent pas. Dé-fixation dit l´opération de « décoincement » qui se produit alors dans la cure remettant en mouvement ce qui s´est figé et ne permet plus d´avancer. Transformation silencieuse dit enfin en quoi consiste le procès de la cure envisagée dans son ensemble, sans qu´on puisse y repérer le travail de modification sourdement engagé.
Autant d´approches qui font découvrir la psychanalyse sous un jour oblique la révélant dans son impensé. Or cet impensé n´est-il pas également celui de la pensée européenne découverte dans ses partis pris ?
En même temps, ce bref essai pourra servir d´introduction à la pensée chinoise dont ces notions, en venant sur le terrain de la psychanalyse, se remettent à travailler.
La psychanalyse appartient au grand mouvement d´ébranlement de la raison que connaît l´Europe à son apogée. Mais, pour décrire ce qui se découvre alors dans la cure, Freud n´est-il pas encore dépendant, d´une certaine façon, de l´outillage intellectuel dont il a hérité ? Et ne laisse-t-il pas dans l´ombre, non explicités, certains aspects de la pratique analytique que sa théorie n´a pu explorer ?
C´est pourquoi François Jullien propose ici cinq concepts abstraits de la pensée chinoise dans lesquels ce qui « se passe » dans la cure pourrait se réfléchir et peut-être s´expliquer. Disponibilité dit la position sans position qui permet au psychanalyste de capter la parole de l´analysant sans projection ni prévention – ce que Freud a nommé l´ « attention flottante », mais sans plus le sonder. Allusivité dit systématiquement, du côté de l´analysant, la capacité de référence sans référer qui est la condition de possibilité de l´ « association libre » à laquelle celui-ci est invité. Le biais (l´oblique) dit comment désemparer stratégiquement des résistances qu´on ne peut attaquer de front parce qu´elles ne se soupçonnent pas. Dé-fixation dit l´opération de « décoincement » qui se produit alors dans la cure remettant en mouvement ce qui s´est figé et ne permet plus d´avancer. Transformation silencieuse dit enfin en quoi consiste le procès de la cure envisagée dans son ensemble, sans qu´on puisse y repérer le travail de modification sourdement engagé.
Autant d´approches qui font découvrir la psychanalyse sous un jour oblique la révélant dans son impensé. Or cet impensé n´est-il pas également celui de la pensée européenne découverte dans ses partis pris ?
En même temps, ce bref essai pourra servir d´introduction à la pensée chinoise dont ces notions, en venant sur le terrain de la psychanalyse, se remettent à travailler.