"« Dans les séminaires de dirigeants d´entreprises que j´anime sur la Chine, quelques questions reviennent de façon inéluctable : « les Chinois sont-ils fiables ? », « quelles sont donc leurs valeurs ? », « auraient-ils donc une autre façon de penser et d´opérer ? », « comment espérer alors nouer des relations d´affaires et gérer avec eux ? » La Chine acquiert de jour en jour plus d´importance dans le monde contemporain. Néanmoins, les Occidentaux continuent d´hésiter entre deux attitudes à son égard : la séduction de l´exotisme (l´ « Orient » de la sagesse) et la peur de l´envahissement (le « péril jaune »). Ils oscillent entre fascination et diabolisation. Du moins ont-ils le sentiment qu´avec les habitants de ce si lointain, si vieux et de nouveau si puissant pays, on ne saurait se comporter tout à fait comme avec les autres habitants de la planète. En quoi sans doute ils ont raison. Mais alors comment s´y prendre ? Autrement dit, comment entrer en Chine ? Je crois que, pour nouer des rapports, y compris d´affaires, avec les Chinois, il faut d´abord rouvrir notre pensée : non pas chercher à devenir chinois, mais comprendre que les Chinois puissent avoir d´autres façons de procéder que celles auxquelles on s´attend d´ordinaire en Europe ; et que ces procédures - à la fois d´agir et de penser, les deux sont conjoints - loin d´être incongrues, étranges ou mystérieuses, sont également intelligibles. Les Chinois peuvent avoir effectivement un autre rapport à la vérité, au discours, à l´efficacité, que celui qui s´est façonné si continûment en Occident qu´il paraît souvent désormais aux Occidentaux comme allant de soi, au point que cette « évidence » n´est plus réfléchie. Si le culturel se joint ici à l´économique, ce n´est donc pas comme un vernis ajouté au prosaïsme des affaires ; mais parce que le second ne peut se concevoir sans le premier. On ne peut dissocier gestion et réflexion : c´est ce que j´ai choisi d´appeler ici, à l´articulation des deux, la « pratique » de la Chine. »"
"« Dans les séminaires de dirigeants d´entreprises que j´anime sur la Chine, quelques questions reviennent de façon inéluctable : « les Chinois sont-ils fiables ? », « quelles sont donc leurs valeurs ? », « auraient-ils donc une autre façon de penser et d´opérer ? », « comment espérer alors nouer des relations d´affaires et gérer avec eux ? » La Chine acquiert de jour en jour plus d´importance dans le monde contemporain. Néanmoins, les Occidentaux continuent d´hésiter entre deux attitudes à son égard : la séduction de l´exotisme (l´ « Orient » de la sagesse) et la peur de l´envahissement (le « péril jaune »). Ils oscillent entre fascination et diabolisation. Du moins ont-ils le sentiment qu´avec les habitants de ce si lointain, si vieux et de nouveau si puissant pays, on ne saurait se comporter tout à fait comme avec les autres habitants de la planète. En quoi sans doute ils ont raison. Mais alors comment s´y prendre ? Autrement dit, comment entrer en Chine ? Je crois que, pour nouer des rapports, y compris d´affaires, avec les Chinois, il faut d´abord rouvrir notre pensée : non pas chercher à devenir chinois, mais comprendre que les Chinois puissent avoir d´autres façons de procéder que celles auxquelles on s´attend d´ordinaire en Europe ; et que ces procédures - à la fois d´agir et de penser, les deux sont conjoints - loin d´être incongrues, étranges ou mystérieuses, sont également intelligibles. Les Chinois peuvent avoir effectivement un autre rapport à la vérité, au discours, à l´efficacité, que celui qui s´est façonné si continûment en Occident qu´il paraît souvent désormais aux Occidentaux comme allant de soi, au point que cette « évidence » n´est plus réfléchie. Si le culturel se joint ici à l´économique, ce n´est donc pas comme un vernis ajouté au prosaïsme des affaires ; mais parce que le second ne peut se concevoir sans le premier. On ne peut dissocier gestion et réflexion : c´est ce que j´ai choisi d´appeler ici, à l´articulation des deux, la « pratique » de la Chine. »"