François Jullien n´a pas défini le concept d´inouï. Mais, dans son dernier ouvrage, il nous a indiqué quelques chemins, quelques tactiques permettant de s´en approcher, notamment la voie de la littérature. C´est celle que les cinq auteurs de cet essai ont choisie, en démarquant une formule de Georges Bataille, la littérature estl´inouï, ou n´est rien.
« C´est le plus immédiat, le plus quotidien, qui parle ici de choses inouïes. »Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Entendons que l´inouï doit nommer, non pas l´exceptionnel, le rare ou l´extraordinaire, avec lesquels on est tenté de le confondre, mais bien le plus commun et le plus ordinaire : la couleur du ciel ou qu´on est en vie. Si l´on ne l´entend pas, s´il reste « in-ouï », c´est seulement qu´il déborde les cadres constitués, bornés, de notre appréhension. Ce débordement n´est donc pas celui de notre expérience, mais de ce que nous avons laissé rabattre, à notre insu, en « expérience ». C´est pourquoi, n´y accédant pas, nous le rangeons, pour nous en débarrasser, à l´extrême bout de cette expérience, le casant dans l´extraordinaire, l´exceptionnel ou l´insolite. Or nous pourrions déborder ces cadres trop étroits bordant ¿ bornant ¿ notre appréhension, aussi bien de l´entendement que de la perception. Sans plus, dès lors, avoir à poser d´en-soi ou d´absolu séparé dans son Au-delà, comme l´a fait la métaphysique. En quoi l´inouï se révèle un concept vecteur de notre modernité, à la fois philosophique et poétique. En quoi aussi vivre à hauteur d´inouï pourrait devenir le mot d´ordre d´une nouvelle éthique. Un séminaire s´est tenu à partir de l´essai de François Jullien, L´Inouï (Grasset, 2019), le 29 novembre 2019, au Patronage laïque Jules-Vallès, sous la direction de François L´Yvonnet. Les contributions réunies ici mettent en débat ces premières propositions
François Jullien n´a pas défini le concept d´inouï. Mais, dans son dernier ouvrage, il nous a indiqué quelques chemins, quelques tactiques permettant de s´en approcher, notamment la voie de la littérature. C´est celle que les cinq auteurs de cet essai ont choisie, en démarquant une formule de Georges Bataille, la littérature estl´inouï, ou n´est rien.
« C´est le plus immédiat, le plus quotidien, qui parle ici de choses inouïes. »Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Entendons que l´inouï doit nommer, non pas l´exceptionnel, le rare ou l´extraordinaire, avec lesquels on est tenté de le confondre, mais bien le plus commun et le plus ordinaire : la couleur du ciel ou qu´on est en vie. Si l´on ne l´entend pas, s´il reste « in-ouï », c´est seulement qu´il déborde les cadres constitués, bornés, de notre appréhension. Ce débordement n´est donc pas celui de notre expérience, mais de ce que nous avons laissé rabattre, à notre insu, en « expérience ». C´est pourquoi, n´y accédant pas, nous le rangeons, pour nous en débarrasser, à l´extrême bout de cette expérience, le casant dans l´extraordinaire, l´exceptionnel ou l´insolite. Or nous pourrions déborder ces cadres trop étroits bordant ¿ bornant ¿ notre appréhension, aussi bien de l´entendement que de la perception. Sans plus, dès lors, avoir à poser d´en-soi ou d´absolu séparé dans son Au-delà, comme l´a fait la métaphysique. En quoi l´inouï se révèle un concept vecteur de notre modernité, à la fois philosophique et poétique. En quoi aussi vivre à hauteur d´inouï pourrait devenir le mot d´ordre d´une nouvelle éthique. Un séminaire s´est tenu à partir de l´essai de François Jullien, L´Inouï (Grasset, 2019), le 29 novembre 2019, au Patronage laïque Jules-Vallès, sous la direction de François L´Yvonnet. Les contributions réunies ici mettent en débat ces premières propositions