à l’occasion de la parution du livre « Symbolisme & sources de l’art roman », ed. du Cosmogone (magnifique beau-livre tout en couleurs, 95 €)
Lorsqu´on aborde l´étude de l´art roman, on oublie souvent la composante essentielle de cet art qui est, comme le disait déjà Emile Magne, « conçu comme un enseignement». Et, de plus, un enseignement à vocation religieuse destiné à remplacer sur la pierre ce que les ouvrages savants contenaient. On oublie que c´était le seul moyen, avec les sermons, que le peuple des fidèles, illettré à quatre-vingt dix pour cent, avait pour accéder aux messages que les représentants de l´Eglise voulaient lui donner.
Les représentations de l´art roman ne sont pas de simples données illustratives comme pour la plupart des arts, mais, en utilisant le moyen du symbole, elles ont une dimension cathartique de questionnement, d´étonnement, de frayeur, de remise en question pour que tout amendement spirituel puisse devenir possible. C´est par ce moyen que le fidèle pouvait s´interroger sur sa vie, soigner ses misères, affronter les grandes questions qui agitaient la société et le monde pour pouvoir y faire face et essayer, sinon d´accéder au Paradis, au moins d´ éviter l´Enfer. Pour nous, elles ont aujourd´hui une valeur culturelle, pour le fidèle du Moyen Âge, elles avaient une valeur pleinement existentielle.