"Hegel n’a de cesse de souligner l’enracinement de la modernité dans la culture hellénique : la Grèce apparaît en effet comme première patrie de l’Esprit, c’est là que « l’homme a commencé à être chez soi ». Que ce soit dans le domaine esthétique (invention d’une religion de l’art) ou éthique (invention de la Cité comme idéal républicain), la Grèce est pensée par Hegel comme une étape majeure de l’histoire entendue comme développement d’une rationalité immanente.
Pour autant, Hegel n’a rien d’un idolâtre. L’hellénisme des débuts, de rigueur à l’époque, cède rapidement le pas à une intégration au sein d’une philosophie de l’absolu comme processus, comme réalisation de soi-même : la figure grecque est alors pensée dans ses limites et dans son nécessaire dépassement.
Mais doit-on s’en tenir là, à la nécessité de ce dépassement? Si la Grèce fait office d’idéal esthétique et, dans une moindre mesure, éthique, elle est aussi à l’origine même de la philosophie, elle est le foyer de procédures de pensée dont la philosophie semble être, à jamais, tributaire. Dès lors, le privilège grec semble en mesure de déborder la portée que le système avait su lui ménager. Le destin de la Grèce, c’est alors non seulement d’être transcendée par le flux historique, mais aussi de représenter ce principe dont le destin est accomplissement, et ceci à travers la philosophie hégélienne elle-même.
En croisant démarche génétique et approche systématique, cette étude nous propose plus qu’une mise en ordre interne au système, la mise en lumière d’un véritable impensé de la pensée hégélienne.
**********
Dominique Janicaud, Professeur à l’université de Nice où il dirigeait le Centre de Recherches d’Histoire des Idées, était l’auteur d’ouvrages philosophiques, parmi lesquels : « Ravaisson et la métaphysique », « La puissance du rationnel », « À nouveau la philosophie », « Chronos »"
"Hegel n’a de cesse de souligner l’enracinement de la modernité dans la culture hellénique : la Grèce apparaît en effet comme première patrie de l’Esprit, c’est là que « l’homme a commencé à être chez soi ». Que ce soit dans le domaine esthétique (invention d’une religion de l’art) ou éthique (invention de la Cité comme idéal républicain), la Grèce est pensée par Hegel comme une étape majeure de l’histoire entendue comme développement d’une rationalité immanente.
Pour autant, Hegel n’a rien d’un idolâtre. L’hellénisme des débuts, de rigueur à l’époque, cède rapidement le pas à une intégration au sein d’une philosophie de l’absolu comme processus, comme réalisation de soi-même : la figure grecque est alors pensée dans ses limites et dans son nécessaire dépassement.
Mais doit-on s’en tenir là, à la nécessité de ce dépassement? Si la Grèce fait office d’idéal esthétique et, dans une moindre mesure, éthique, elle est aussi à l’origine même de la philosophie, elle est le foyer de procédures de pensée dont la philosophie semble être, à jamais, tributaire. Dès lors, le privilège grec semble en mesure de déborder la portée que le système avait su lui ménager. Le destin de la Grèce, c’est alors non seulement d’être transcendée par le flux historique, mais aussi de représenter ce principe dont le destin est accomplissement, et ceci à travers la philosophie hégélienne elle-même.
En croisant démarche génétique et approche systématique, cette étude nous propose plus qu’une mise en ordre interne au système, la mise en lumière d’un véritable impensé de la pensée hégélienne.
**********
Dominique Janicaud, Professeur à l’université de Nice où il dirigeait le Centre de Recherches d’Histoire des Idées, était l’auteur d’ouvrages philosophiques, parmi lesquels : « Ravaisson et la métaphysique », « La puissance du rationnel », « À nouveau la philosophie », « Chronos »"