"Depuis toujours, l´interrogation portant sur les limites de l´action individuelle ou collective, les normes de conduite à instaurer, les règles du vivre-ensemble à élaborer, hante la philosophie. Prescription et normativité, obligation et liberté, raison et loi, forment les corollaires essentiels de la morale. Il ne s´agit pas seulement de décrire comment les hommes agissent, mais d´établir comment ils doivent ou devraient agir. Se pose alors la question des critères, des valeurs, des raisons déterminantes et, pour ne pas tomber dans un relativisme voué à la particularité sans fin, il importe de distinguer la morale des morales, au sens seulement sociologique du terme. Certes, la morale concerne les moeurs. Son étymologie l´atteste. Mais elle déborde aussi ce cadre et manifeste une quête d´universalité dépassant les singularités des us et coutumes propres aux uns ou aux autres. L´essence de la morale intéresse la philosophie, aujourd´hui comme hier, dans son dessein de transcender la clôture des particularismes pour mettre au jour ce qui unit les hommes plutôt que ce qui les divise ou les oppose. A cet égard, la réflexion morale ne se dissocie pas de la réflexion politique qui, elle aussi, ""légifère sur ce qu´il faut faire et sur ce dont il faut s´abstenir"", comme l´établit Aristote dès le chapitre liminaire de l´Éthique à Nicomaque. Politique et morale ont en commun de rechercher ""le bien proprement humain"", dans la sphère publique comme dans la sphère privée.
--------------
Anne Baudart, agrégée de philosophie, est professeur en Première supérieure et maître de conférences à l´Institut d´études politiques, à Paris."
"Depuis toujours, l´interrogation portant sur les limites de l´action individuelle ou collective, les normes de conduite à instaurer, les règles du vivre-ensemble à élaborer, hante la philosophie. Prescription et normativité, obligation et liberté, raison et loi, forment les corollaires essentiels de la morale. Il ne s´agit pas seulement de décrire comment les hommes agissent, mais d´établir comment ils doivent ou devraient agir. Se pose alors la question des critères, des valeurs, des raisons déterminantes et, pour ne pas tomber dans un relativisme voué à la particularité sans fin, il importe de distinguer la morale des morales, au sens seulement sociologique du terme. Certes, la morale concerne les moeurs. Son étymologie l´atteste. Mais elle déborde aussi ce cadre et manifeste une quête d´universalité dépassant les singularités des us et coutumes propres aux uns ou aux autres. L´essence de la morale intéresse la philosophie, aujourd´hui comme hier, dans son dessein de transcender la clôture des particularismes pour mettre au jour ce qui unit les hommes plutôt que ce qui les divise ou les oppose. A cet égard, la réflexion morale ne se dissocie pas de la réflexion politique qui, elle aussi, ""légifère sur ce qu´il faut faire et sur ce dont il faut s´abstenir"", comme l´établit Aristote dès le chapitre liminaire de l´Éthique à Nicomaque. Politique et morale ont en commun de rechercher ""le bien proprement humain"", dans la sphère publique comme dans la sphère privée.
--------------
Anne Baudart, agrégée de philosophie, est professeur en Première supérieure et maître de conférences à l´Institut d´études politiques, à Paris."