En physique (ensemble vide, vide quantique, etc.), en philosophie mais aussi en mystique et même dans la vie courante, le terme de vide occupe une place centrale.
Le terme lui-même, dans la langue française, reste très équivoque, alors qu’il existe, en anglais, au moins trois mots pour le désigner : emptiness, void, vacuum. Cet ouvrage commencera donc par dégager les différents sens du vide et analyser le concept de manière rigoureuse dans les domaines où il est employé et à la lumière de sa longue histoire. La thèse qui accompagne cette analyse est qu’il existe un lien entre les changements dans le domaine de la physique et les mutations de la réflexion politique.
On peut voir ce lien à l’oeuvre dans l’atomisme antique, la naissance de la physique moderne au XIVe siècle et chez Pascal où la ruine du cosmos va de pair avec l’émergence d’un machiavélisme chrétien renouvelant les thèmes de l’augustinisme politique. Mais ce qui est visible dans le passé l’est moins dans le présent. Cet ouvrage s’efforcera de montrer que, dans la théorie politique contemporaine, le totalitarisme, qui est une manifestation du nihilisme, est en fait à la fois une affirmation du vide et un refus du vide, ce qui conduit à réfléchir sur le sens du « rien » ou du « néant » à l’oeuvre ici. Toutes les figures du totalitarisme nihiliste sont des figures du plein : sujet plein, apologie des frontières, refus de la surface, fusion des relations sociales dans la plénitude de la masse etc.
Il ne s’agit pas d’opposer mécaniquement à cette plénitude du néant un vide fondé sur le dynamisme et la liberté du rien, mais de discerner l’importance du concept de vide. Il ne s’agit pas de faire du vide un opérateur critique dans la théorie politique, mais de montrer que l’ontologie de la physique contemporaine est un abandon du plein sous toutes ses formes, et que cela confère peut-être les moyens de construire une métaphysique critique, radicalement critique.
Directeur d’études à l’EHESS, Frédéric Nef est spécialiste des questions de logique et de métaphysique.
Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Les Propriétés des choses (Vrin, 2006) et Traité d’ontologie pour les non-philosophes (et les philosophes) (Gallimard, 2009).
En physique (ensemble vide, vide quantique, etc.), en philosophie mais aussi en mystique et même dans la vie courante, le terme de vide occupe une place centrale.
Le terme lui-même, dans la langue française, reste très équivoque, alors qu’il existe, en anglais, au moins trois mots pour le désigner : emptiness, void, vacuum. Cet ouvrage commencera donc par dégager les différents sens du vide et analyser le concept de manière rigoureuse dans les domaines où il est employé et à la lumière de sa longue histoire. La thèse qui accompagne cette analyse est qu’il existe un lien entre les changements dans le domaine de la physique et les mutations de la réflexion politique.
On peut voir ce lien à l’oeuvre dans l’atomisme antique, la naissance de la physique moderne au XIVe siècle et chez Pascal où la ruine du cosmos va de pair avec l’émergence d’un machiavélisme chrétien renouvelant les thèmes de l’augustinisme politique. Mais ce qui est visible dans le passé l’est moins dans le présent. Cet ouvrage s’efforcera de montrer que, dans la théorie politique contemporaine, le totalitarisme, qui est une manifestation du nihilisme, est en fait à la fois une affirmation du vide et un refus du vide, ce qui conduit à réfléchir sur le sens du « rien » ou du « néant » à l’oeuvre ici. Toutes les figures du totalitarisme nihiliste sont des figures du plein : sujet plein, apologie des frontières, refus de la surface, fusion des relations sociales dans la plénitude de la masse etc.
Il ne s’agit pas d’opposer mécaniquement à cette plénitude du néant un vide fondé sur le dynamisme et la liberté du rien, mais de discerner l’importance du concept de vide. Il ne s’agit pas de faire du vide un opérateur critique dans la théorie politique, mais de montrer que l’ontologie de la physique contemporaine est un abandon du plein sous toutes ses formes, et que cela confère peut-être les moyens de construire une métaphysique critique, radicalement critique.
Directeur d’études à l’EHESS, Frédéric Nef est spécialiste des questions de logique et de métaphysique.
Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Les Propriétés des choses (Vrin, 2006) et Traité d’ontologie pour les non-philosophes (et les philosophes) (Gallimard, 2009).