« On rêve, en présence de certaines oeuvres délibérément voilées, d´entrer, au terme de leur analyse, en possession d´un secret qui ne doive rien à des connaissances antérieures, largement divulguées ou non » Ce rêve d´André Breton, le livre introuvable, n´est pas seulement en bonne place parmi ceux qui font naître : il est l´un des très rares qui permettent de lui donner du corps. C´est pourquoi j´aime à imaginer quels reflets eût arraché à cette oeuvre opaque le fondateur du mouvement surréaliste s´il l´avait connue et en avait approché son flambeau, lui qui tira de l´ombre ceux qu´il appela un jour les « têtes d´orage » : Alphonse Rabbe, Xavier Forneret, Raymond Roussel, Jean-Pierre Brisset enfin, inventeur de cette Grammaire logique qui n´est pas sans ressembler, à quelques égards, au maître-livre d´Henri Boudet. Comme eux, l´auteur de La Vraie Langue Celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains mérite le titre, bien plus enviable qu´on ne croit, d´illustre inconnu : je dis qu´il est digne de prendre place parmi les Silencieux fulgurants, habitants de cette Cité Interdite de la psyché où lève, aussi mystérieusement que celle du blé, la semence du Language. Jean-Jacques Henri Boudet naquit à Quillan, dans l´Aude, le 16 novembre 1837, sous le signe zodiacal du Scorpion, signe des eaux chthoniennes qui porte, affirme l´astrologie, vers le mystère. Le patronyme de Boudet, qu´on rencontre assez fréquemment dans la région, provient, comme nous l´apprend le Dictionnaire des noms et prénoms de France d´Albert Dauzat, de l´ancien nom commun germanique Baudio qui signifie « messager » ; comme plusieurs noms propres occitans, il signifie une origine wisigothique. Gérard de Sède
« On rêve, en présence de certaines oeuvres délibérément voilées, d´entrer, au terme de leur analyse, en possession d´un secret qui ne doive rien à des connaissances antérieures, largement divulguées ou non » Ce rêve d´André Breton, le livre introuvable, n´est pas seulement en bonne place parmi ceux qui font naître : il est l´un des très rares qui permettent de lui donner du corps. C´est pourquoi j´aime à imaginer quels reflets eût arraché à cette oeuvre opaque le fondateur du mouvement surréaliste s´il l´avait connue et en avait approché son flambeau, lui qui tira de l´ombre ceux qu´il appela un jour les « têtes d´orage » : Alphonse Rabbe, Xavier Forneret, Raymond Roussel, Jean-Pierre Brisset enfin, inventeur de cette Grammaire logique qui n´est pas sans ressembler, à quelques égards, au maître-livre d´Henri Boudet. Comme eux, l´auteur de La Vraie Langue Celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains mérite le titre, bien plus enviable qu´on ne croit, d´illustre inconnu : je dis qu´il est digne de prendre place parmi les Silencieux fulgurants, habitants de cette Cité Interdite de la psyché où lève, aussi mystérieusement que celle du blé, la semence du Language. Jean-Jacques Henri Boudet naquit à Quillan, dans l´Aude, le 16 novembre 1837, sous le signe zodiacal du Scorpion, signe des eaux chthoniennes qui porte, affirme l´astrologie, vers le mystère. Le patronyme de Boudet, qu´on rencontre assez fréquemment dans la région, provient, comme nous l´apprend le Dictionnaire des noms et prénoms de France d´Albert Dauzat, de l´ancien nom commun germanique Baudio qui signifie « messager » ; comme plusieurs noms propres occitans, il signifie une origine wisigothique. Gérard de Sède