En France cependant, malgré l’attention qu’ont attirée autrefois sur Blake les traductions de Pierre Leyris, son oeuvre reste encore presque entièrement à découvrir. Le présent ouvrage constitue le chef d’oeuvre incontesté de Blake. La qualité de sa traduction et l’exhaustivité de l’appareil critique qui l’accompagnent en font un ouvrage de référence pour qui veut lire Blake en français. Les Chants de l’Innocence ont paru en 1789, les Chants de l’Expérience sont écrits entre 1789 et 1794. Et c’est Blake lui-même qui réunit les deux recueils en seul livre : Les Chants. Dans leur construction comme dans leur écriture, les deux forment, en effet, un seul tout. Les figures de la petite fille perdue, du ramoneur ou de l’agneau se retrouvent dans l’un comme dans l’autre recueil, mais dans des lumières différentes : d’un côté la pureté et la joie de l’innocence, de l’autre la dureté et la souffrance de l’expérience. Il faut donc lire les deux textes l’un avec l’autre, l’un par l’autre, comme un vertigineux jeu de miroirs. Le véritable message de Blake se trouve dans cet entre-deux : dans cette tension qui est à la fois contradiction et énergie : « Les Chants, écrit Alain Suied, ne marquent pas l’entrée, le seuil de la vision blakienne - ils en sont sans contradiction ni paradoxe, la véritable incarnation. L’enfant perdu n’est pas mort, voué à la Charogne, à la Perte, à l’humaine condition, à la Nature inconcevable et cruelle, à l’outrage de l’Expérience du Temps, de la vie sociale. Il est retrouvé, réveillé d’entre les fantômes : il chante l’inévitable, l’évidente Résurrection future. »
En France cependant, malgré l’attention qu’ont attirée autrefois sur Blake les traductions de Pierre Leyris, son oeuvre reste encore presque entièrement à découvrir. Le présent ouvrage constitue le chef d’oeuvre incontesté de Blake. La qualité de sa traduction et l’exhaustivité de l’appareil critique qui l’accompagnent en font un ouvrage de référence pour qui veut lire Blake en français. Les Chants de l’Innocence ont paru en 1789, les Chants de l’Expérience sont écrits entre 1789 et 1794. Et c’est Blake lui-même qui réunit les deux recueils en seul livre : Les Chants. Dans leur construction comme dans leur écriture, les deux forment, en effet, un seul tout. Les figures de la petite fille perdue, du ramoneur ou de l’agneau se retrouvent dans l’un comme dans l’autre recueil, mais dans des lumières différentes : d’un côté la pureté et la joie de l’innocence, de l’autre la dureté et la souffrance de l’expérience. Il faut donc lire les deux textes l’un avec l’autre, l’un par l’autre, comme un vertigineux jeu de miroirs. Le véritable message de Blake se trouve dans cet entre-deux : dans cette tension qui est à la fois contradiction et énergie : « Les Chants, écrit Alain Suied, ne marquent pas l’entrée, le seuil de la vision blakienne - ils en sont sans contradiction ni paradoxe, la véritable incarnation. L’enfant perdu n’est pas mort, voué à la Charogne, à la Perte, à l’humaine condition, à la Nature inconcevable et cruelle, à l’outrage de l’Expérience du Temps, de la vie sociale. Il est retrouvé, réveillé d’entre les fantômes : il chante l’inévitable, l’évidente Résurrection future. »