"Peu après la publication de son étude monumentale sur la Légitimité des Temps modernes, en 1966, Hans Blumenberg s´est lancé dans l´élaboration d´une philosophie du mythe qui a donné lieu à deux grands livres, en 1979 et en 1989, et dont cet ouvrage constitue une présentation d´ensemble. S´il rejette le rêve romantique d´un retour au monde enchanté de la mythologie antique, Blumenberg se refuse à considérer le mythe comme un phénomène archaïque, relégué aux oubliettes de l´histoire. Il garde le pouvoir de nous affecter encore. Il continue de vivre dans la littérature et dans l´art, mais aussi dans le savoir. Freud n´en reprend-il pas la forme ? C´est que sa fonction est intacte. Loin de représenter une forme déficiente de rationalité, la prolifération extravagante des images mythiques et la mise en récit des conflits souvent dérisoires entre divinités constituent une stratégie efficace pour permettre à une existence humaine fragile de s´émanciper des contraintes pesantes de sa condition. "" Le mythe ne tend pas vers l´absolu, mais plutôt dans la direction opposée aux catégories qui déterminent la religion et la métaphysique. "" Son manque de sérieux constitutif lui permet de contourner l´abîme des interrogations métaphysiques. Nietzsche sera parmi les premiers à discerner ce potentiel antithéologique. L´immense savoir historique de Blumenberg fait de ce résumé de sa philosophie du mythe une traversée du panthéon de la culture occidentale, de Platon et Epicure à André Gicle, en passant par Casanova et Schelling."
"Peu après la publication de son étude monumentale sur la Légitimité des Temps modernes, en 1966, Hans Blumenberg s´est lancé dans l´élaboration d´une philosophie du mythe qui a donné lieu à deux grands livres, en 1979 et en 1989, et dont cet ouvrage constitue une présentation d´ensemble. S´il rejette le rêve romantique d´un retour au monde enchanté de la mythologie antique, Blumenberg se refuse à considérer le mythe comme un phénomène archaïque, relégué aux oubliettes de l´histoire. Il garde le pouvoir de nous affecter encore. Il continue de vivre dans la littérature et dans l´art, mais aussi dans le savoir. Freud n´en reprend-il pas la forme ? C´est que sa fonction est intacte. Loin de représenter une forme déficiente de rationalité, la prolifération extravagante des images mythiques et la mise en récit des conflits souvent dérisoires entre divinités constituent une stratégie efficace pour permettre à une existence humaine fragile de s´émanciper des contraintes pesantes de sa condition. "" Le mythe ne tend pas vers l´absolu, mais plutôt dans la direction opposée aux catégories qui déterminent la religion et la métaphysique. "" Son manque de sérieux constitutif lui permet de contourner l´abîme des interrogations métaphysiques. Nietzsche sera parmi les premiers à discerner ce potentiel antithéologique. L´immense savoir historique de Blumenberg fait de ce résumé de sa philosophie du mythe une traversée du panthéon de la culture occidentale, de Platon et Epicure à André Gicle, en passant par Casanova et Schelling."