Les conflits qui opposèrent chrétiens et musulmans au cours du Moyen Age, en particulier en Espagne, avec la reconquista, en Sicile ou au Proche-Orient lors des Croisades, ont tendance à faire oublier que les deux partis échangèrent parfois des relations plus pacifiques sous la forme d´ambassades, de trêves ou d´alliances. Loin d´en grossir démesurément l´importance, ce livre montre que ces contacts débutèrent très tôt, au moment où surgissaient de nouveaux pouvoirs, comme le califat abbasside (750), la monarchie carolingienne(751) et l´émirat omeyyade (756). L´étude des relations entre les souverains carolingiens et les Omeyyades de Cordoue révèle que les rapports engagés entre les deux puissances, compliqués par l´émergence de velléités autonomistes aux confins de deux mondes, oscillèrent entre la guerre et la paix, mais que le clivage religieux n´était nullement perçu comme un obstacle. Derrière des épisodes célèbres comme la bataille de Poitiers (732), la défaite de Ronceveaux (778), la prise de Barcelone (801), ou les voyages de moines à Cordoue en quête de reliques sous Charles le Chauve, se dessine une histoire souvent mal connue, celle des rapports entre le pouvoir franc et al-Andalus. Véritables reflets des forces en présence, ces rapports ne peuvent ête saisis que dans le cadre plus général d´une Méditerranée bien moins fermée que ne le prétendait Henri Pirenne.