Si c´est au nom d´un futur toujours meilleur que le monde a été transformé en un chantier permanent, nous sommes arrivés à un stade où le rapport entre les bénéfices du « développement » et ses nuisances s´avère de plus en plus défavorable. La perte de confiance dans le progrès doit alors être compensée par une inflation de ce qu´il est censé apporter : plus le monde va mal et menace de s´écrouler, plus il faut abreuver les populations de promesses exorbitantes.
Tel est le rôle du transhumanisme - et peu importe que ce qu´il annonce ne soit pas destiné à se réaliser. Lui accorder trop d´importance, c´est donc se laisser captiver par un leurre. Faudrait-il refuser d´y prêter attention ? Cela n´est pas si simple. Le transhumanisme nous trompe parce qu´il joue en nous sur des ressorts puissants. Se donner une chance de désamorcer la fascination qu´il exerce et le malheur qu´il propage, réclame de mettre au jour ce qui nous rend si vulnérables à ses illusions.
Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l´Institut d´histoire et de philosophie des sciences et des techniques. Il a enseigné les mathématiques à l´École polytechnique et enseigne aujourd´hui la philosophie à l´Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié plusieurs ouvrages dont Une folle solitude. Le fantasme de l´homme auto-construit (2006), Après la chute (2014) et Une question de taille (2014).
Si c´est au nom d´un futur toujours meilleur que le monde a été transformé en un chantier permanent, nous sommes arrivés à un stade où le rapport entre les bénéfices du « développement » et ses nuisances s´avère de plus en plus défavorable. La perte de confiance dans le progrès doit alors être compensée par une inflation de ce qu´il est censé apporter : plus le monde va mal et menace de s´écrouler, plus il faut abreuver les populations de promesses exorbitantes.
Tel est le rôle du transhumanisme - et peu importe que ce qu´il annonce ne soit pas destiné à se réaliser. Lui accorder trop d´importance, c´est donc se laisser captiver par un leurre. Faudrait-il refuser d´y prêter attention ? Cela n´est pas si simple. Le transhumanisme nous trompe parce qu´il joue en nous sur des ressorts puissants. Se donner une chance de désamorcer la fascination qu´il exerce et le malheur qu´il propage, réclame de mettre au jour ce qui nous rend si vulnérables à ses illusions.
Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l´Institut d´histoire et de philosophie des sciences et des techniques. Il a enseigné les mathématiques à l´École polytechnique et enseigne aujourd´hui la philosophie à l´Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié plusieurs ouvrages dont Une folle solitude. Le fantasme de l´homme auto-construit (2006), Après la chute (2014) et Une question de taille (2014).