D´où vient donc cette manie de tout quantifier, de sans cesse parler de nombres et de statistiques au point de les substituer à la réalité ? La faute à la science, diront certains... et pourtant, c´est d´abord comme instrument de mesure de la population et de la production qu´est apparue la statistique. De là à en faire un principe de gouvernement...
La statistique est aujourd´hui un fait social total : elle règne sur la société, régente les institutions et domine la politique. Un vêtement de courbes, d´indices, de graphiques, de taux recouvre l´ensemble de la vie. L´éducation disparaît derrière les enquêtes PISA, l´université derrière le classement de Shanghai, les chômeurs derrière la courbe du chômage...
La statistique devait refléter l´état du monde, le monde est devenu un reflet de la statistique.
Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l´Institut d´histoire et de philosophie des sciences et des techniques. Il a enseigné les mathématiques à l´École polytechnique et enseigne aujourd´hui la philosophie à l´Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié chez le même éditeur : Leurre et malheur du transhumanisme.
D´où vient donc cette manie de tout quantifier, de sans cesse parler de nombres et de statistiques au point de les substituer à la réalité ? La faute à la science, diront certains... et pourtant, c´est d´abord comme instrument de mesure de la population et de la production qu´est apparue la statistique. De là à en faire un principe de gouvernement...
La statistique est aujourd´hui un fait social total : elle règne sur la société, régente les institutions et domine la politique. Un vêtement de courbes, d´indices, de graphiques, de taux recouvre l´ensemble de la vie. L´éducation disparaît derrière les enquêtes PISA, l´université derrière le classement de Shanghai, les chômeurs derrière la courbe du chômage...
La statistique devait refléter l´état du monde, le monde est devenu un reflet de la statistique.
Olivier Rey est chercheur au CNRS, membre de l´Institut d´histoire et de philosophie des sciences et des techniques. Il a enseigné les mathématiques à l´École polytechnique et enseigne aujourd´hui la philosophie à l´Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié chez le même éditeur : Leurre et malheur du transhumanisme.