"Wang Chong (27-97 ?) est l´une des figures les plus originales de la philosophie chinoise. Dans son ouvrage magistral, le Lunheng («Discussions critiques»), il passe en revue les conceptions de son temps. Alors que dans leur majorité les penseurs chinois se préoccupent en priorité de morale, Wang Chong se donne un programme d´ordre épistémologique : la «lutte contre l´erreur et le mensonge», tel est son but. Ses contemporains croient en une vie après la mort ; lui prouve que la pensée ne peut survivre à la corruption du corps. Eux courent après les immortels et les recettes de longue vie ; lui montre que cette quête est vouée à l´échec. Eux considèrent l´homme comme l´enfant chéri du Ciel ; lui en fait un pou sous un ciel sans conscience. Esprit farouchement indépendant, il se permet de critiquer Confucius, ce qui lui vaudra l´ire de générations de confucianistes bien pensants.
Wang Chong débarrasse la philosophie de son temps de ses scories, et, même si son entreprise critique n´atteint que partiellement son but, il nous propose, en définitive, un miroir poli, une version épurée de la pensée chinoise ancienne."
"Wang Chong (27-97 ?) est l´une des figures les plus originales de la philosophie chinoise. Dans son ouvrage magistral, le Lunheng («Discussions critiques»), il passe en revue les conceptions de son temps. Alors que dans leur majorité les penseurs chinois se préoccupent en priorité de morale, Wang Chong se donne un programme d´ordre épistémologique : la «lutte contre l´erreur et le mensonge», tel est son but. Ses contemporains croient en une vie après la mort ; lui prouve que la pensée ne peut survivre à la corruption du corps. Eux courent après les immortels et les recettes de longue vie ; lui montre que cette quête est vouée à l´échec. Eux considèrent l´homme comme l´enfant chéri du Ciel ; lui en fait un pou sous un ciel sans conscience. Esprit farouchement indépendant, il se permet de critiquer Confucius, ce qui lui vaudra l´ire de générations de confucianistes bien pensants.
Wang Chong débarrasse la philosophie de son temps de ses scories, et, même si son entreprise critique n´atteint que partiellement son but, il nous propose, en définitive, un miroir poli, une version épurée de la pensée chinoise ancienne."