Ce livre, qui paraît dans les Carnets spirituels, est très différent des autres de cette collection. Par la couverture (détail de la magnifique Nativité de Martin Schongauer) comme par les illustrations qui se trouvent à l’intérieur (sept enluminures, gravures ou vitraux de l’époque des mystiques rhénans). Mais surtout par son propos : à la fois anthologie et essai, ce petit ouvrage, agréable et novateur, passionnera tous ceux qu’intéresse et émerveille la fête de Noël, mais qui ne savent pas bien, au-delà de la naissance de l’Enfant-Dieu, d’où vient cette fête aujourd’hui universellement célébrée et surtout ce qu’elle signifie vraiment. Eckhart et les mystiques rhénans en ont donné une remarquable expression à partir de la naissance de Dieu dans l’âme, qui est une autre manière de parler avec saint Jean de la filiation divine ou d’affirmer avec saint Irénée que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme participe à la vie de Dieu ». C’est ce remarquable approfondissement que reprend Marie-Anne Vannier à partir des trois naissances distinguées par Jean Tauler, sans en oublier les sources chez Origène et les Cisterciens, l’influence sur Angelus Silesius, Nicolas de Cues... On trouvera également des textes peu connus comme l’admirable hymne de Noël de Tauler , aujourd’hui encore chantée et donnée ici en bilingue : « Voici que nous vient un bateau, / Lourd d’un beau chargement. / Des nuées d’anges l’accompagnent / Et il dresse un grand mât. // Le bateau nous vient glissant, / Le batelet arrive à terre, / Il a ouvert grand le ciel / Et en apporte le fils. » Alors que dans les premiers siècles, l’année religieuse est centrée sur Pâques, la fête de Noël, commémorant le 25 décembre la Nativité du Christ, est introduite vers 336 comme début de l’année liturgique et va prendre au Moyen Âge une place de plus en plus importante. Le premier témoignage que nous ayons de la fête de Noël date de 354. Mais c’est principalement avec saint Léon le Grand que la fête de Noël se développe en Occident. Eckhart et Tauler qui sont avant tout des prédicateurs, s’attachent, comme Léon le Grand à donner à leurs auditeurs de vivre pleinement le mystère de Noël. Ils s’inscrivent dans le cadre liturgique qui, à leur époque est plus élaboré, pour aider leurs contemporains à entrer véritablement dans le mystère de Noël. Aussi ne s’intéressent-ils pas tant à la commémoration historique de l’Incarnation, à l’anniversaire de la naissance du Christ à Bethléem, qu’à son sens théologique et spirituel, ce qui les amène à considérer son origine dans la vie même de la Trinité. Dans la chrétienté médiévale, où le baptême n’a plus la même importance vitale pour la survie de l’église que dans les premiers siècles, la fête de Noël est ainsi, pour Eckhart et Tauler, l’occasion de rappeler le sens même de la vie chrétienne.
Ce livre, qui paraît dans les Carnets spirituels, est très différent des autres de cette collection. Par la couverture (détail de la magnifique Nativité de Martin Schongauer) comme par les illustrations qui se trouvent à l’intérieur (sept enluminures, gravures ou vitraux de l’époque des mystiques rhénans). Mais surtout par son propos : à la fois anthologie et essai, ce petit ouvrage, agréable et novateur, passionnera tous ceux qu’intéresse et émerveille la fête de Noël, mais qui ne savent pas bien, au-delà de la naissance de l’Enfant-Dieu, d’où vient cette fête aujourd’hui universellement célébrée et surtout ce qu’elle signifie vraiment. Eckhart et les mystiques rhénans en ont donné une remarquable expression à partir de la naissance de Dieu dans l’âme, qui est une autre manière de parler avec saint Jean de la filiation divine ou d’affirmer avec saint Irénée que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme participe à la vie de Dieu ». C’est ce remarquable approfondissement que reprend Marie-Anne Vannier à partir des trois naissances distinguées par Jean Tauler, sans en oublier les sources chez Origène et les Cisterciens, l’influence sur Angelus Silesius, Nicolas de Cues... On trouvera également des textes peu connus comme l’admirable hymne de Noël de Tauler , aujourd’hui encore chantée et donnée ici en bilingue : « Voici que nous vient un bateau, / Lourd d’un beau chargement. / Des nuées d’anges l’accompagnent / Et il dresse un grand mât. // Le bateau nous vient glissant, / Le batelet arrive à terre, / Il a ouvert grand le ciel / Et en apporte le fils. » Alors que dans les premiers siècles, l’année religieuse est centrée sur Pâques, la fête de Noël, commémorant le 25 décembre la Nativité du Christ, est introduite vers 336 comme début de l’année liturgique et va prendre au Moyen Âge une place de plus en plus importante. Le premier témoignage que nous ayons de la fête de Noël date de 354. Mais c’est principalement avec saint Léon le Grand que la fête de Noël se développe en Occident. Eckhart et Tauler qui sont avant tout des prédicateurs, s’attachent, comme Léon le Grand à donner à leurs auditeurs de vivre pleinement le mystère de Noël. Ils s’inscrivent dans le cadre liturgique qui, à leur époque est plus élaboré, pour aider leurs contemporains à entrer véritablement dans le mystère de Noël. Aussi ne s’intéressent-ils pas tant à la commémoration historique de l’Incarnation, à l’anniversaire de la naissance du Christ à Bethléem, qu’à son sens théologique et spirituel, ce qui les amène à considérer son origine dans la vie même de la Trinité. Dans la chrétienté médiévale, où le baptême n’a plus la même importance vitale pour la survie de l’église que dans les premiers siècles, la fête de Noël est ainsi, pour Eckhart et Tauler, l’occasion de rappeler le sens même de la vie chrétienne.